21 mars 2021

Guelfes et Gibelins

Gibelins Guelfes











Les Guelfes et les Gibelins sont deux groupes qui se sont affrontés en Italie du XIIe au début du XIVe siècle.

Si, à l'origine, les deux camps s'opposaient sur la dynastie qui prétendait à la succession du Saint-Empire romain germanique, c'est sous le règne de Frédéric II que l'antagonisme va s'ancrer entre partisans de la papauté (Guelfes) et de l'empire (Gibelins). Ce clivage trouvera des manifestations dans les domaines civique et religieux et cristallisera les tensions entre les villes italiennes, les amenant à se transformer en cité-état et se faire continuellement la guerre.

  • Le terme « guelfe » est une francisation du nom italien « Guelfo » qui provient lui-même du nom de la dynastie des « Welf » – nom-emblème de la famille d'Otton IV – et désigne la faction qui soutient la papauté.
  • Le terme « gibelin », est le diminutif de « Guibertus », forme italienne de Waiblingen (Bade-Wurtemberg), château souabe auquel se réfèrent les partisans Hohenstaufen.

Les rivalités étaient, en fait, celles de familles, pour contrôler les villes. Par exemple à Gênes : les Grimaldi et les Fieschi se réclamaient du parti guelfe contre les familles gibelines Doria et Spinola.

Du côté de l'héraldique, les Gibelins adoptaient généralement la bannière de guerre du Saint Empire romain germanique - croix blanche sur fond rouge - comme leur propre. Les armées guelfes, quant à elles, inversaient généralement les couleurs : croix rouge sur blanc. Cette codification s'est fortement répandue dans l'héraldique civique des villes du nord de l'Italie et reste un indicateur révélateur de leurs anciennes tendances factionnelles. Traditionnellement, Pavie, Novare, Côme, Trévise et Asti continuent à arborer la croix gibeline. La croix guelfe se trouve sur les armoiries de villes comme Milan, Vercelli, Alessandria, Padoue, Reggio et Bologne.

Dans leurs stratégies défensives, les villes italiennes ont souvent fait usage de maisons-tours que l'on peut encore voir de nos jours à San Gimignano (13 subsistent sur les 75 originales) ou encore à Pavie (où 3 subsistent, place Léonard de Vinci).

Du côté de la littérature, Machiavel explique dans Le Prince, que Venise entretenait la querelle entre guelfes et gibelins afin de « diviser pour régner ». Quant à Montaigne, il rapporte dans ses Essais que, lors de ses voyages dans la péninsule italienne, il était souvent cru « gibelin par les guelfes et guelfe par les gibelins ».

10 juillet 2019

Crimes et Justices au Moyen Âge

A l'occasion des 20 ans de son ouverture au public, la Tour Jean sans Peur organise cette année une magnifique exposition "Crimes et Justices au Moyen Âge". Vous avez jusqu'au 29 décembre 2019 pour apprendre et comprendre sur le fonctionnement des différentes justices (seigneuriale, royale, religieuse) et surtout pour corriger nombre d'idées reçues sur une justice imaginée souvent expéditive et violente. Somptueusement illustrée et agrémentée de nombreux cas criminels authentiques, l'exposition permet de bien se rendre compte comment l’honneur (la fama) tient une place importante, quelle que soit l’origine sociale des individus.

La commissaire de l’exposition, Claude Gauvard, professeur émérite d’histoire du Moyen Âge (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), y explique notamment le rôle croissant du pouvoir royal sur les autres formes de justice et dresse un portrait étonnant de la société médiévale où juges et justiciables usent de compromis et où la population prend une part active au sort réservé au condamné.

IMG_7878.jpegVous y verrez également ces superbes reconstitutions des sacs à procès dans lesquels on conservait les pièces du dossier et qui ont donné lieu à plusieurs expressions comme "l'affaire est dans le sac"...

Comme régulièrement, un certain nombre de conférences en lien avec le thème de l'exposition seront données jusqu'à fin décembre. Il y aura notamment celle du 4 décembre à 19h, intitulée "le crime de sorcellerie à la fin du Moyen Âge" par Maxime Gelly-Perbellini, qui a relu et corrigé mon nouveau roman.

Plus d'informations sur https://tourjeansanspeursite.wordpress.com

22 décembre 2018

La Vauderie d'Arras

indice09-sabbat.jpgLa vauderie d'Arras est un vaste procès en sorcellerie de l'Inquisition médiévale qui se déroula de 1459 à 1461 à Arras, dans le Nord de la France.

Il est le premier des grands procès en sorcellerie qui marqueront les XVIe et XVIIe siècles. La ville fut en effet le théâtre d'une violente persécution dirigée contre des hommes et des femmes que l'inquisiteur du diocèse accusait de se rendre à la "vauderie", c'est à dire au sabbat des sorciers. Ce procès présente les particularités de s'être déroulé en milieu urbain et d'avoir mis en cause des personnes de toutes conditions sociales : non seulement des marginaux, mais aussi de riches marchands, des échevins et des hommes d'église. Sur 29 accusés (dont 10 femmes) 12 furent exécutés (dont 7 femmes).

Tout commence à la Toussaint de 1459 avec l'arrestation de Denisette Grenier à Douai et de Jean Tannoye à Abbeville. Transférés et emprisonnés à Arras, ils sont pris en charge par l'inquisiteur Pierre Le Broussart, et quatre vicaires généraux d’Arras. Loin de sa ville, l’évêque d’Arras est près du pape Pie II. Évoquant d'abord des beuveries, les accusés sont torturés et finissent par avouer leur participation active à la vauderie. Ils dénonceront alors des proches, croyant que c'était eux qui leur avaient envoyé l'Inquisition, et ainsi de suite.

A l'époque des faits, Arras faisait partie des Pays-Bas bourguignons : l'influence de ces derniers sur le premier procès y est donc manifeste. Trente ans plus tard, lors du procès en appel, le dernier duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, étant mort, la mémoire des victimes fut réhabilitée par le Parlement de Paris, marquant la volonté du roi de France Charles VIII de renforcer l'influence du royaume de France sur ces territoires.

17 mai 2013

Guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons

Assassinat_Duc_Orleans En raison de ses ennuis de santé, Charles VI se voit contraint de laisser la reine Isabeau de Bavière présider un conseil de régence, où siègent les grands du royaume. On y trouve notamment le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, oncle du roi, fin politique qui a une forte influence sur la reine ainsi que Louis d'Orléans, le frère du roi, que l'on soupçonne d'être l'amant de la reine. À la mort du Hardi, son fils Jean sans Peur,, moins lié à Isabeau, perdra encore de l'influence.

Tandis que Louis d'Orléans, tirant du Trésor royal les neuf dixièmes de ses revenus, achète terres et places fortes dans les marches orientales du royaume que les Bourguignons considèrent comme une chasse gardée, Jean Sans Peur, qui n'a pas le prestige de feu son père, voit se tarir les largesses royales. Alors que le père recevait deux cent mille livres par an, le fils doit se contenter de trente-sept mille.

Sur le plan politique, l'attitude à tenir face aux Anglais les oppose également : Louis d'Orléans veut faire rompre la trêve franco-anglaise, quitte à provoquer Henri IV de Lancastre en duel, ce que Jean sans Peur ne peut admettre, car les industriels flamands dépendaient totalement des importations de laine d’outre-Manche et auraient été ruinés par un embargo.

Louis d'Orléans, par ses manigances, bénéficie de la bienveillance de son frère le roi lors de ses phases de sortie de crise : il réussit ainsi à faire évincer les Bourguignons du conseil. C'en est trop pour Jean sans Peur qui décide de se débarrasser de son exaspérant rival : il le fait assassiner à Paris, rue Vieille du Temple, le 23 novembre 1407, alors que celui-ci sort de chez la reine, qui vient d'accoucher. Cet assassinat déclenche la guerre civile.

Pour montrer que Jean sans Peur ne craint rien ni personne, il fait ériger en 1409, au cœur même de la capitale, un tour fortifiée adossée à son hôtel particulier : la Tour Jean sans Peur. Les Bourguignons lancent des rumeurs sur la liaison entre la reine et Louis d'Orléans, questionnant la paternité du Dauphin.

Charles d'Orléans, le fils de Louis, épouse en 1410 la fille de Bernard VII d'Armagnac. Il forme alors à Gien, à l'occasion de ses noces, une ligue contre le duc de Bourgogne et ses partisans, dans laquelle entrent, outre le duc d'Orléans et son beau-père, les ducs de Berry, de Bourbon et de Bretagne, ainsi que les comtes d'Alençon et de Clermont. De plus, Bernard VII recrute dans le Midi des bandes qui font la guerre avec une férocité inouïe : les Écorcheurs. À leur tête, il ravage les environs de Paris et s'avance jusqu'au faubourg Saint-Marcel. Un traité, signé à Bicêtre le 2 novembre 1410, suspend les hostilités, mais, dès le printemps 1411, les partis reprennent les armes. Les Armagnacs se répandent dans le Beauvaisis et la Picardie. En octobre 1411, fort d'une armée de 60 000 hommes, le duc de Bourgogne entre dans Paris et attaque les Bretons, alliés des Armagnacs, qui sont retranchés à La Chapelle. Il doit reculer, mais, dans la nuit du 8 au 9 novembre, il sort par la porte Saint-Jacques, marche sur Saint-Cloud et défait complètement l'armée des Écorcheurs. Puis Jean sans Peur poursuit les princes d'Orléans et leurs alliés, assiège Dreux puis Bourges, mais l'armée royale paraît devant cette ville et contraint les deux parties à signer un nouveau traité de paix.

Le duc de Bourgogne reste neutre vis-à-vis des Anglais, qui reprennent les hostilités en 1415. Il laisse ainsi Henri V défaire l'armée française, essentiellement pourvue par les Armagnacs, à la bataille d'Azincourt en octobre 1415. Jean sans Peur en profite et s'empare de Paris en 1418 ainsi que d'une grande partie du territoire, fort du soutient de la population. Le Bourguignon entre alors en négociation avec les Anglais, favorable aux prétentions du roi d'Angleterre au trône de France, mais également avec les Armagnacs et le dauphin, car ses finances sont au plus bas.

Le 10 septembre 1419, Jean sans Peur se fera assassiner, à Montereau-Fault-Yonne, lors d'une entrevue avec le Dauphin Charles, par des hommes de main du parti des Armagnacs, qui craignaient que le Dauphin ne cède trop aux Bourguignons. Cet acte empêche tout apaisement et fait s'effondrer ce qui reste du royaume de France.

Philippe le Bon, le nouveau Duc de Bourgogne, fait alors clairement alliance avec les Anglais et fait signer le traité de Troyes, où Charles VI déshérite le dauphin et marie sa fille Catherine de Valois à Henri V d'Angleterre. Le roi d'Angleterre reçoit la couronne de France et Charles VI récupère le pouvoir dont il a été évincé depuis 1392, du fait de ses accès de folie. Il exercera une régence sur ce qui lui reste de terres au sud-est de la France jusqu'à sa mort, en 1422. Ce traité est évidemment dénoncé par les Armagnacs, qui arguent "que le roi appartient à la couronne et non pas l'inverse". Il faudra l'intervention de Jeanne d'Arc pour que Charles VII puisse être légitimé par un signe divin et sacré à Reims, le 17 juillet 1429, prenant de court le successeur d'Henri V, aussi décédé en 1422.

Charles VII, engagé dans une patiente reconquête du territoire français, souhaite isoler les Anglais des Bourguignons. En 1435, il conclut avec Philippe le Bon le traité d'Arras, qui reconnaît l'indépendance de la Bourgogne. Cet accord met officiellement fin à la guerre et va permettre à Charles VII de reprendre aux Anglais pratiquement toutes leurs possessions continentales.

12 avril 2013

Le concile de Pise

Alexandre VEn 1409, cela faisait déjà 30 ans que le grand schisme d'occident n'était toujours pas résolu : un pape siégait à Rome, un autre à Avignon.

L'Eglise vivait une de ses plus graves crises. Malgré toutes les tentatives de médiation qui avaient été faites, elle ne parvenait à démettre aucun des deux pontifes. Certains cardinaux unionistes proposèrent alors d'organiser un concile pour mettre fin au schisme. Les ducs de Bourgogne, véritables maîtres de la France en raison de la maladie du roi Charles VI, firent pression sur l'Université de Paris puis sur les cardinaux français, pour mettre fin au schisme. Les cardinaux finirent par faire connaître par lettre leur volonté de convoquer un concile pour le printemps 1409. Ils durent déployer une grande énergie pour gagner à leur projet un maximum de participants. L'appel se fit jusqu'à l'empire byzantin. L'entreprise fut couronnée de succès puisque 500 représentants des deux obédiences se réunirent à de Pise, du 25 mars au 7 août 1409. Il y eut notamment vingt-quatre cardinaux qui participèrent à ce concile, dont quatorze cardinaux romains et dix venus d'Avignon.

A l'issue de leurs délibérations, ils décidèrent de déposer les deux papes et d'en élire un nouveau. Le 5 juin, la condamnation des deux pontifes rivaux fut prononcée et les cardinaux pisans élurent Alexandre V le 26 juin. Mais les cardinaux furent immédiatement excommuniés par les deux papes rivaux et la situation ne fit qu'empirer : il y eut alors trois papes (dont deux antipapes).

En 1410, Alexandre V meurt, mais les pisans élisent rapidement un successeur : Jean XXIII, sans pour autant résoudre la crise.

Pendant 5 ans, la chrétienté est partagée en trois obédiences :

  • celle de Jean XXIII qui comprend la France, l'Angleterre, la Pologne, la Hongrie, le Portugal, les royaumes du Nord, avec une partie de l'Allemagne et de l'Italie
  • celle de Benoît XIII, composée des royaumes de Castille, d'Aragon, de Navarre, d'Écosse, du duché de Bretagne, des îles de Corse et de Sardaigne, des comtés de Foix et d'Armagnac
  • celle de Grégoire XII, qui conserve en Italie plusieurs villes du royaume de Naples et toute la Romagne, ainsi que la Bavière et le palatinat du Rhin.

Il faudra attendre le concile de Constance, réuni à partir de 1414 pour que se règle définitivement le problème du Grand Schisme.

6 avril 2012

Expositions à Paris : Le vin au Moyen-Âge, le duc de Berry, les miniatures flamandes & Cluny 1120

Le vin Toujours à la Tour Jean sans peur à Paris, a lieu du 11 avril 2012 au 11 novembre 2012 (du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h) une nouvelle exposition commissionnée par Danièle Alexandre-Bidon sur le vin au Moyen Âge. Vaste sujet, qui sera abondamment repris dans un numéro hors série de l'excellente revue Histoire et Images médiévales, à paraître prochainement.

En ce moment également : la superbe exposition des "Belles Heures du Duc de Berry" au musée du Louvre, où l'on peut admirer de somptueuses enluminures d'une finesse inégalée, oeuvres des frères de Limbourg, auteurs également des "très riches heures" : louvre.fr

Toujours dans le même registre, on ira à la BNF, cette fois-ci, voir l'exposition sur les miniatures flamandes : bnf.fr

Enfin, au musée du Moyen Age de Cluny, on pourra admirer la reconstitution de la "Major Ecclesia" : http://www.clunisois.fr/cluny1120/ et http://www.musee-moyenage.fr/

4 juin 2011

Exposition : Au lit au Moyen-Âge

expo_litUne nouvelle exposition à la Tour Jean sans peur à Paris a lieu du 13 avril au 13 novembre 2011 (du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h), cette fois-ci sur le thème du lit au Moyen Âge. Que ce soit pour la maladie, la mort, l'amour ou tout simplement dormir, l'exposition passe en revue les clichés et les idées reçues, au travers d'une iconographie riche et passionnante. Le lit est bien sûr également au coeur de Saltarello avec par exemple le cauchemar de Jean Fusoris...

5 décembre 2010

Exposition : l'hygiène au Moyen-Âge

Expo HygièneToujours à la Tour Jean sans peur à Paris, a lieu du 20 novembre 2010 au 3 avril 2011 (du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h) une passionnante exposition sur l'hygiène Moyen Âge : À travers six thèmes (l’approvisionnement en eau ; La malpropreté urbaine ; la propreté corporelle ; les bains ; les latrines ; la médecine hygiéniste), cette exposition tente de mettre fin aux nombreux préjugés qui entourent cet aspect de la vie quotidienne au Moyen Âge.

Le commissaire de l’exposition est Danièle Alexandre-Bidon, médiéviste, ingénieur d’études à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) ; c'est aussi elle qui a effectué le minutieux travail de relecture de Saltarello.

8 septembre 2010

Blois - les rendez-vous de l'histoire

Blois 2010 Je serai présent à Blois le 16 octobre 2010 à 16h, aux Rendez-Vous de l'histoire, pour participer à une conférence, animée par Aude Gros de Beler :

ROMAN HISTORIQUE : DE LA RÉALITE HISTORIQUE À LA FICTION
De 16h à 17h30 - Auditorium de la Bibliothèque Abbé Grégoire
Débat proposé par les éditions Actes Sud à l'occasion de la publication des ouvrages Saltarello (Matthieu Dhennin), Miserere Nobis (Roger Bevand) et Sator & la controverse de Bethléem (Alain Le Ninèze).
INTERVENANTS : Aude GROS DE BELER, éditrice, Roger BEVAND, Matthieu DHENNIN et Alain LE NINÈZE, auteurs.
Cette table ronde a pour but de déterminer comment se « fabrique » un roman historique : la rigidité du cadre historique conduit-elle impérativement à suivre des règles pour passionner le lecteur et lui donner envie d'aller plus loin ?

Par ailleurs, je serai également en dédicace les samedi et dimanche après-midi, sur le stand Actes Sud (n°9).

Grand salon du livre d'histoire, ce salon permet de recouvrir toute l'actualité du livre d'histoire : de la biographie au roman historique, du multimédia au livre ancien, de l'Antiquité à l'histoire contemporaine, de l'histoire locale aux événements internationaux, toute l'histoire et tous les sujets sont présents. Plus de 200 auteurs viennent y dédicacer leurs ouvrages et rencontrer leurs lecteurs.

Plus d'infos sur www.rdv-histoire.com