27 juin 2021

Le Palais des Papes d'Avignon

Palais des Papes

Le palais des Papes d'Avignon fut, pendant le XIVe siècle le siège de la chrétienté d'Occident. Six conclaves se sont tenus dans le palais d'Avignon qui aboutirent à l'élection de Benoît XII, en 1335 ; de Clément VI, en 1342 ; d'Innocent VI, en 1352 ; d'Urbain V, en 1362 ; de Grégoire XI, en 1370, et de Benoît XIII, en 1394.

Il s'agit de la plus grande des constructions gothiques du Moyen Âge. Le palais, qui est l'imbrication de deux bâtiments, le palais vieux de Benoît XII, véritable forteresse assise sur l'inexpugnable rocher des Doms, et le palais neuf de Clément VI, le plus fastueux des pontifes avignonnais, est non seulement le plus grand édifice gothique mais aussi celui où s'est exprimé dans toute sa plénitude le style du gothique international. Il est le fruit, pour sa construction et son ornementation, du travail conjoint des meilleurs architectes français, Pierre Poisson et Jean de Louvres, dit de Loubières, et des plus grands fresquistes de l'école siennoise, Simone Martini et Matteo Giovanetti.

La durée durant laquelle s’échelonnent les constructions : pendant quarante années environ (1335 à 1378), plusieurs architectes se succèdent et conçoivent des projets qui évoluent au gré des besoins (embellissement de la maison épiscopale sous Jean XXII, édification d’une austère forteresse sous Benoît XII, complétée d’ailes spacieuses et somptueuses sous Clément VI).

De part sa position, le palais domine la ville d'Avignon. Si l’on considère le plan de l’agglomération, le Palais des Papes n’occupe pas réellement le centre géométrique de la ville, ni même le point originel d’un développement radio concentrique. Ce point serait situé plutôt sur la partie sommitale du Rocher des Doms, au nord de ce relief et en surplomb du fleuve. Il est donc clair que ce palais a été résolument conçu, par son élévation, pour marquer et affirmer sa puissance temporelle de la papauté sur la ville.

Dans ses différentes parties, le Palais accueille les éléments essentiels au séjour du pape (logement, cuisine, cellier, bûcher), à son sacerdoce (chapelles, bibliothèque), au fonctionnement central de sa cour (espaces de réception : salles d’audience, consistoire et Tinel, trésor etc..), et à l’accueil de ses plus proches familiers (camériers, secrétaires, « grands dignitaires »).

21 mars 2021

Pavie

Pavie

Pavie est une ville de Lombardie en Italie, située au sud de Milan. À l'époque romaine, Pavie porte le nom de Ticinum, dérivant du nom de la rivière Tessin qui la traverse. Elle est située dans la plaine du Pô.

De sa fondation romaine, Pavie en garde le plan typique avec ses deux axes perpendiculaires principaux et ses quartiers en forme de quadrilatères. De sa période médiévale, elle garde un grand nombre de bâtiments remarquables :

  • La basilique San Pietro in Ciel d'Oro, fondée au début du VIe siècle, est reconstruite en 1132. Elle abrite le tombeau de saint Augustin et la tombe de Boèce. Cet édifice doit son nom à sa remarquable mosaïque de feuilles d'or recouvertes de tesselles de verre qui décore le plafond de l'abside.
  • La basilique San Michele Maggiore, rebâtie à la fin du XIe siècle et achevée en 1155. Frédéric Barberousse y fut couronné en 1155.
  • Près de l'Université, sur la place Léonard de Vinci, se trouvent trois maisons-tours médiévales remarquables.
  • Le duomo date de 1488 et a été bâti sur le site des deux cathédrales jumelles. Pavie avait effectivement cette singularité de posséder deux cathédrales, côte à côte, l'une dédiée à saint-Stéphane et l'autre dédiée à sainte-Marie-du-Peuple. Bien que distincts, les deux bâtiments étaient accolés et formaient un gigantesque complexe architectural de huit nefs, occupant toute la largeur de l’esplanade.
  • Le Ponte Coperto est un pont couvert qui franchit le Tessin et relie la vieille ville à la rive droite. Le pont actuel est la reconstruction d'un pont plus ancien datant du XIVe siècle.

Au XIIe siècle, Pavie acquiert le statut de commune autonome. Dans la lutte entre guelfes et gibelins, Pavie est traditionnellement gibeline, une position due autant à sa rivalité avec Milan (tête de file des guelfes en Lombardie) qu'à sa loyauté envers l'Empereur. Malgré une longue lutte contre la domination de Milan, Pavie est finalement annexée par la famille Visconti, ducs de Milan, en 1359, après un long siège. Sous les Visconti, Pavie devient un centre intellectuel et artistique. L'université de Pavie est fondée en 1361 à partir d'une ancienne école de droit pré-existante et attire des étudiants de nombreux pays.

Portulan

Portulan

Les portulans sont les toutes premières cartes maritimes tentant de représenter fidèlement le tracé des côtes. La plus ancienne connue (Portulan de Pise) est datée entre 1258 et 1291 et est conservée à la BNF. Elles servaient essentiellement à repérer les ports, connaître les dangers qui pouvaient les entourer (courants, hauts-fonds...) et identifier les lignes de vents afin de repérer la route et déterminer le cap à suivre.

Le tracé des lignes de vents (ou de rhumb) est la caractéristique graphique principale de ces documents : ces dernières colorent et quadrillent les surfaces marines et en rendent parfois la lecture difficile. L'autre caractéristique est l'alignement perpendiculaire au trait de côte des noms de lieux (havres et ports).

Ces cartes apparaissent en Méditerranée à l'époque des croisades, à un moment d'intensification des échanges entre l'Orient et l'Occident. Les marins italiens, notamment génois, pisans et vénitiens commercent à travers toute la Méditerranée et ressentent rapidement le besoin d'une carte pour se diriger facilement d'un port à un autre. Ils ne peuvent utiliser les cartes théologiques, appelées cartes en T, pensées par l'Eglise catholique de cette époque. Ces dernières, loin d'être des représentations exactes du monde, ne pouvaient convenir à la navigation. C'est ce besoin d'une cartographie empirique et réaliste qui entraîne la création des portulans.

22 décembre 2018

Calais à la fin du XVe siècle

indice06-Calais 1347.png A la fin du XVe siècle, la ville de Calais est une colonie anglaise et ce, depuis 1347, soit déjà sept générations. En effet, lors de la guerre de Cent Ans, le roi Édouard III d'Angleterre, issu de la maison angevine des Plantagenêts, revendiquait la couronne de France. Après sa victoire à Crécy-en-Ponthieu en 1346, il cherche une ville portuaire pour y débarquer ses troupes Calais était protégée par des marais inondés à chaque marée, et défendue par une garnison placée sous le commandement d’un chevalier bourgignon, Jean de Vienne. Édouard III fit bloquer l’entrée du chenal avec des obstacles de toute nature et à partir de juin 1347, il fut impossible pour les Français de ravitailler Calais.

Pressé par la population assiégée depuis onze mois, Jean de Vienne demanda alors à négocier la reddition de la ville à condition d’épargner la population et la garnison : Edouard III accepta à la condition que six notables vinsent à lui, tête et pieds nus, avec une corde autour du cou pour être pendus : ce furent Eustache de Saint Pierre, Jehan d’Aire, Pierre de Wissant et son frère Jacques, Jean de Fiennes, et Andrieux d’Andres. Les bourgeois de Calais furent toutefois épargnés grâce à l’intervention de l'épouse d'Edouard III.

Au XVe siècle, donc, la ville est riche et bien protégée par des garnisons anglaises. Les marchands y sont bien établis, grâce notamment au commerce de la laine et prospèrent. Il s'agit d'un carrefour commercial majeur de la mer du Nord.

Sa population est d'environ 4500 habitants. De nombreux habitants sont employés par la Couronne Britannique pour les travaux de consolidation et d’aménagement, pour faire face aux tempêtes et aux moyens de défense. Elle attire également de nombreux étrangers (flamands et germaniques).

On construit alors le somptueux bâtiment de la Chambre du Conseil de Calais, en faisant venir 36 tonnes de pierre de Caen (de la plus belle sorte). Le bâtiment, résidence royale et maison des marchands, sera orné et décoré aux armes des Tudors. Les Anglais montrent qu'ils sont là pour rester.

La ville ne sera reprise par les Français qu'en 1558, soit après 210 ans d'occupation anglaise.

Arras au XVe siècle

Arras XIVe.png Arras est, à la fin du Moyen Âge une riche cité drapière qui a la particularité d'être coupée en deux. Il y a, d'une part, la Cité, le cœur historique gallo-romain, avec en son centre la cathédrale Notre Dame. Elle possède son échevinage, nommé par l’évêque et est entourée de remparts. Cette partie d'Arras est sous la protection du roi de France. Et il y a, d'autre part, la Ville, le vieux bourg monastique, qui s’est développé autour de l’abbaye de saint Vaast, et qui a prospéré plus vite que la Cité. Cette partie d'Arras possède aussi un échevinage, mais sous tutelle du duc de Bourgogne. Les deux parties de la ville étaient séparées par le rivière Crinchon, fortifiées l'une contre l'autre.

En 1477, le roi de France Louis XI envahit militairement les terres d’Artois ; il assiège Arras, qui résiste mais finit par céder. En 1479, Louis XI fait alors vider Arras de ses habitants et lui retire son nom (qui devient Franchise). La ville est alors repeuplée de familles de tout le royaume. Cette situation a fortement appauvrit la ville et même si le retour des Arrageois est autorisé à partir de 1482, elle restera longtemps affaiblie économiquement.

L'emblème d'Arras est le rat, pour l'association sonore entre l'animal et le nom de la ville. Au Moyen-Âge, d'ailleurs, on ne prononce pas le S final. Trois rats étaient représentés sur le blason d’Arras.

Au Moyen-Âge déjà, la ville possédait ses deux grandes places que l'on peut encore voir de nos jours : la place du petit marché et la grand place, reliées entre elles par la rue de la Taillerie. indice02-arras_1500.jpg

Les halles corporatives étaient regroupées place du petit marché depuis le XIIème siècle. La chapelle de la Sainte Chandelle, la Maison Rouge et son pilori occupaient le centre. Des fouilles récentes ont permis de situer précisément la place de la Maison Rouge : un marquage au sol au les pavés y matérialise l'emplacement. Les trouvères y donnaient leurs représentations théâtrales. Mais c'est aussi là qu'a été rendu public le jugement de la Vauderie d'Arras.

Quant à la grand place, elle était le centre principal de l'activité marchande dès le XIeme siècle et s'étendait déjà sur plus d'un hectare. Témoin de 1 000 ans d'histoire elle a vu se succéder au cours des siècles tournois, joyeuses entrées des princes et souverains, revues militaires. Son marché au grain prospéra jusqu'à la première guerre mondiale.

3 mai 2013

Tour Jean sans Peur

tour_jean_sans_peurLa tour Jean-sans-Peur est le dernier vestige de l'hôtel des ducs de Bourgogne. Elle fut édifiée entre 1409 et 1411 par Jean sans Peur, pour fortifier sa résidence parisienne.

En ce début du XVème siècle, le duc de Bourgogne est riche et puissant. Plutôt favorable à une alliance avec les Anglais, Jean sans Peur s'oppose frontalement à la politique du roi Charles VI. Le 23 novembre 1407, il fait assassiner son cousin, Louis d'Orléans, frère du roi : c'est le paroxysme de la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons. Pour se protéger d'éventuelles représailles, il fait construire cette tour fortifiée de 21 mètres de haut dans son hôtel (dit "d'Artois"). L'hôtel avait, en effet, à l'origine, été construit par Robert II d'Artois à la fin du XIIIe siècle, adossé à l'enceinte de Philippe Auguste. Il était devenu l'hôtel de Bourgogne en 1369 à la suite d'une union entre les familles d'Artois et de Bourgogne.


Éléments remarquables :

  • Le grand escalier à vis, inspiré par celui qu'avait fait construire Charles V au Louvre.
  • Le décor végétal de la voûte d'escalier : pot central d'où partent des branches de chêne sur lesquelles grimpe du houblon, rejointes par des branches d'aubépine naissant des murs.
  • La reconstitution des latrines, les plus anciennes de Paris, dont était dotée chaque chambre. Contrairement à celles des époques précédentes, elles ne débouchaient pas sur l'extérieur, mais disposaient d'un conduit dans l'épaisseur du mur, aboutissant à une fosse en sous-sol. Elles étaient chauffées par le revers de la cheminée de la chambre.
  • Le trône et la salle de réunion de Jean sans Peur.
  • Un morceau de la base de l'enceinte de Philippe Auguste visible dans les caves.

Elle fut restaurée en 1999. De nos jours, située au 20 rue Étienne-Marcel, dans le 2e arrondissement, on peut la visiter du mercredi au dimanche. Des expositions sur des thèmes médiévaux y sont régulièrement organisées (comme Le Moyen-Âge en bande-dessinée, L'hygiène au Moyen-Âge ou encore Au lit au Moyen-Âge).

Site officiel : tourjeansanspeur.com/

11 novembre 2008

La danse macabre

La danse macabre - fresque de Clusone - Italie

La danse macabre représente, dans la littérature, la peinture ou la sculpture du XIVème au XVIème siècle, l'entraînement inexorable de tous les humains, quelle que soit leur position sociale, dans un cortège solidaire vers un destin commun. Les personnages qui composent la danse macabre sont, dans l'ordre : l'acteur, la pape, l'empereur, le cardinal, le roi, le patriarche, le connétable, l'archevêque, le chevalier, l'évêque, l'écuyer, l'abbé, le bailli, l'astrologue, le bourgeois, le chartreux, le sergent, tous entrelacés de squelettes. Puis, viennent quatre personnages qui ne sont pas séparés par des morts : le médecin, la femme, l'usurier et le pauvre.

De nombreuses églises ou cimetières furent ornés de grandes fresques représentant cette alternance de squelettes et de personnages vivants. Cette forme d'expression fut le résultat d'une prise de conscience et d'une réflexion sur la vie et la mort, dans une période où celle-ci était devenue plus présente et plus traumatisante, notamment suite à la grande peste de 1348, et aux différents conflits de la Guerre de Cent Ans.

La danse macabre souligne la vanité des distinctions sociales, dont se moquait le destin, fauchant le pape comme le pauvre prêtre, l'empereur comme le lansquenet.

La plus célèbre des danses macabres fut peinte sous les arcades du cimetière des Saints-Innocents. Des reproductions circulèrent dans toute l'Europe. Rares sont aujourd'hui les danses macabres complètes que l'on peut encore admirer. On mentionnera celle, remarquable, de l'église Kermaria-An-Iskuit à Plouha (Côtes-d'Armor), ou encore celle de Clusone en Italie (ci-dessus).

15 août 2008

Saint-Germain-des-Prés

Abbaye de Saint-Germain-des-PrésL'abbaye de Saint-Germain-des-Prés fut fondée au VIème siècle, sous le règne de Childebert Ier, selon l'ordre de Saint-Benoît. L'évêque de Paris à cette époque, Germain, participa à sa fondation et l'administra. Elle lui doit son nom. Initialement fondée pour honorer les reliques de Saint-Vincent ramenées par Childebert Ier de Saragosse, elle prit le nom de Saint-Germain quand ce dernier fut canonisé. L'abbaye fut ensuite le lieu de sépulture des rois mérovingiens.

L'abbatiale (qui subsiste de nos jours) fut construite plus tard, vers le XIème et le XIIème siècle. Elle est considérée par les historiens comme le plus ancien édifice religieux de Paris.

L'abbaye resta longtemps hors les murs de Paris, et était entourée d'un canal ("La petite Seine") qui communiquait avec la Seine. Avec l'importance et la richesse que prit l'abbaye au fil des années, un petit bourg commerçant se greffa à l'extérieur. Un pilori, signe visible de l'autorité des abbés sur le bourg se dressait au milieu de l'axe principal de la route qui menait à Paris. A ses côtés, s'ouvrait une grande foire attirant commerçants et artisans, qui fut plus tard remplacée par le Marché Saint-Germain au XIXème siècle. Cette foire était un des nombreux privilèges attribués aux abbés de Saint-Germain-des-Prés par le roi. Le bourg comptait, au XIVème siècle, environ un millier d'habitants. Son église principale était Saint-Sulpice.

Les rentes procurées par leurs diverses activités en faisaient une des plus riches de Paris, et l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, un des plus puissants de la clergie française.

9 août 2008

La Bastille

La Bastille En 1370, Charles V décide de renforcer la sécurité de l'entrée est de la ville de Paris en y faisant construire une forteresse défensive, à l'image du donjon du Louvre, gardant l'ouest de la ville.

Le prévôt des marchands, Hugues Aubriot, fut chargé de la construction de ce que l'on appelât alors la Bastide Saint-Antoine. Le plan initial ne prévoyait que 4 tours sur les 8 qu'elle comporta une fois terminée. A son rôle défensif fut rapidement ajouté celui de prison, de caserne et de boutiques commerçantes.

Mais la construction de ce que les Parisiens nommèrent bien vite la Bastille fut émaillée de nombreuses difficultés, et le chantier pris beaucoup plus de temps que prévu. Ainsi, relativement populaire auprès des Parisiens, Hugues Aubriot était de plus en plus mal vu auprès du roi. Pour hâter les travaux, il ordonna donc de faire venir sur le chantier de la Bastille tous ceux qui semblent oisifs. En vain, car il finit sa carrière dans les cellules de la Bastille... qu'il avait fait édifier. Lors de la révolte des Maillotins, les Parisiens libérèrent Aubriot et voulurent le mettre à leur tête ; mais il refusa ce dangereux honneur. Il mourut quelques mois plus tard, en 1382. Sa statue orne aujourd'hui la façade de l'hôtel de ville de Paris.

Quant à la Bastille, son utilité militaire s’avéra médiocre (on dit d'elle qu'assiégée, elle s’est toujours rendue). La forteresse fut alors utilisée comme coffre-fort, lieu de réception par François Ier, puis prison d'état jusqu'en 1789.

25 juillet 2008

Le cimetière des Innocents

L'origine de ce cimetière remonte au XIIème siècle, installé alors hors les murs de la ville de Paris. Situé à côté des Halles, il était alors décrit comme un cloaque fangeux dans lequel les animaux erraient pour trouver leur nourriture, mais il devint aussi rapidement un lieu de fréquentation des marchands, des écrivains publics, des prostituées et des lingères. Le cimetière tient son nom de l'église voisine aujourd'hui disparue, dédiée aux Saints-Innocents, enfants de Judée massacrés sur l'ordre d'Hérode.

Quand Philippe-Auguste fit fermer Paris d'une nouvelle enceinte à la fin du XIIème siècle, le cimetière fut agrandi, enclos d’un mur de 3 mètres de haut, et englobé dans les nouvelles limites de la ville, devenant ainsi un cimetière intra-muros. Il se présente alors sous la forme d’un rectangle compris sur sa longueur entre les rues aux Fers (actuelle rue Berger) et de la Ferronnerie, sur sa largeur par les rues Saint-Denis et de la Lingerie, c’est à dire une surface sensiblement plus grande que l’actuel square Joachim Du Bellay (ou l'on peut toujours admirer la fontaine aux Innocents). Cinq portes y donnaient accès.

Le cimetière des Innocents

Le cimetière était celui des paroisses de la rive droite, mais également des noyés de la Seine et des morts par épidémies. Les plus modestes se faisaient inhumer dans des fosses qui restaient ouvertes jusqu’à ce qu’elles fussent pleines. Plusieurs fosses étaient ouvertes simultanément, correspondant aux différentes institutions percevant des droits. Elles étaient très nombreuses lors des épidémies de peste noire du XIVème siècle. Pour la bourgeoisie, la sépulture individuelle était la norme. Certains étaient inhumés en cercueil (on a retrouvé des traces de bois et des clous), mais la plupart l’était dans un simple linceul : la terre des Innocents avait la réputation de dissoudre les corps en un temps record !

En raison de l’augmentation démographique, il fallut trouver de la place, et donc un moyen de vider les fosses. C’est l’origine des charniers, qui furent construits entre le XIVe et XVe siècle, et adossés au mur d’enceinte tout autour du cimetière. Les bourgeois de la ville firent édifier ces arcades, souvent pour leur usage personnel (ainsi, Nicolas Flamel fit construire l’une d’entre elles pour le tombeau de sa femme Pernelle). Peintures, fresques et épitaphes fleurirent rapidement, la plus célèbre étant la danse macabre.

Le cimetière comprenait également en son sein différentes chapelles privées, ainsi qu'un reclusoir (occupé essentiellement par des femmes) adossé à l'église du cimetière.

Le cimetière fut supprimé en 1785, et l'année suivante, les ossements furent, de nuit, déblayés des fosses et amenés dans les futures Catacombes créées pour l’occasion. L’exhumation ne se fit qu'à une profondeur d’1m60, ce qui permet d’assurer que de nombreux corps subsistent encore sous la chaussée de l’actuel square. On considère que depuis son ouverture, quelques deux millions de Parisiens y avaient été inhumés.