1 octobre 2021

Opicinus

Opicinus

"Opicinus - Itinéraire d'un illuminé de Pavie à Avignon" est mon quatrième roman, il paraît le 25 novembre 2021.

''Né en 1296 à Pavie et mort en 1355 à Avignon, Opicinus de Canistris est un singulier personnage.
Son travail, très étonnant, se situe à a croisée des arts et des sciences graphiques, géographiques, théologiques et psychiatriques. Ce prêtre italien a en effet produit une oeuvre magnifique et hermétique au soir d'une vie mouvementée. Il a été le témoin des grands événements de son temps, depuis le conflit entre les Guelfes et les Gibelins en Italie du Nord, jusqu'à la Peste Noire de 1348 à Avignon. Il est la source d'une métière romanesque tout à fait foisonnante : rivalités des grandes cités commerçantes italiennes, mouvements franciscains hérétiques, construction du Palais des Papes. Mais surtout, il est sans doute le tout premier artiste de ce que l'on appelle aujourd'hui "l'art brut", avec ses incroyables dessins ésotériques et ses cartes anthropomorphiques.
A une époque où les cartes marines étaient encore rares, il est le premier, par exemple, à représenter la péninsule italienne comme une botte.
En s'appuyant sur les dernières recherches historiques disponibles sur ce personnage et son époque, ce roman restitue son incroyable parcours et tente de jeter une lumière nouvelle sur le Moyen Âge en résonance avec notre monde contemporain.''

21 mars 2021

Les papes d'Avignon

Papes d'Avignon

De 1309 à 1378, ils seront 7 papes successifs à siéger à Avignon :

  • Clément V : Bertrand de Got est le second pape d'origine française. Elu à Pérouse en 1305, il ne peut s'installer à Rome en raison de la guerre entre les Guelfes et les Gibelins et mène un pontificat d'itinérance dans le sud de la France. Il arrive à Avignon en 1309 et y décède 4 ans plus tard.
  • Jean XXII : Jacques Duèze est élu en 1316 après un conclave long et difficile. A 72 ans,il est un candidat âgé de compromis, et son âge avancé le fait considérer par les cardinaux comme un pape de transition. Pourtant, il va présider l'église catholique pendant dix-huit ans et mener de profondes réformes, notamment fiscales. Il créé ainsi les rouages d'un gouvernement central et laissera une trésorerie importante à son successeur. Sur le plan idéologique, son pontificat sera traversé par la crise avec l'ordre franciscain et la querelle sur la pauvreté du Christ.
  • Benoît XII : Jacques Fournier est élu en 1335. Dès son élection, il fait bâtir un nouveau bâtiment (le "palais vieux"), érigé en un an. Pape austère et lettré, il y fait installer la Bibliothèque pontificale qui comprenait quatre sections : théologie, droit canon, droit civil et médecine. C'est sous son pontificat que démarre la guerre de Cent Ans mais les fortifications qu'il fait construire à Avignon témoignent plutôt de sa crainte de l'empereur Louis de Bavière.
  • Clément VI : Pierre Roger, est élu en 1342. Très vite, il considère que le palais de Benoît XII n'est pas en rapport avec la grandeur d'un souverain pontife et fait édifier un palais neuf digne de lui. En 5 ans, les travaux agrandissent et transforment le palais dans un aspect proche de celui que nous lui connaissons aujourd’hui. Surnommé "le Magnifique", il organise des réceptions au faste démesuré. C'est sous son pontificat qu'a lieu la grande peste noire et, pour protéger les juifs de la colère populaire qui les rendait responsable de ce fléau, il publie deux bulles papales en 1348 prenant sous sa protection les juifs et menaçant d’excommunication ceux qui les maltraiteraient.
  • Innocent VI : Etienne Aubert est élu en 1352 et les finances de la Curie sont au plus bas. Il mène une politique d'économie après les fastes de son prédécesseur et de la cour pontificale. C'est un réformateur plutôt brutal : il emprisonne et condamne au bûcher pour venir à bout des hérétiques qui vénèrent Pierre de Jean Olivi. Fin diplomate, il est pour beaucoup dans la signature du traité de Brétigny entre Édouard III d'Angleterre et Jean II le Bon, accord qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.
  • Urbain V : Guillaume de Grimoard est élu en 1362. Il fut d'abord consacré évêque car il n'était que prêtre, puis couronné pape. A son arrivée au palais, il déclara : « Mais je n'ai même pas un bout de jardin pour voir grandir quelques fruitiers, manger ma salade et cueillir un raisin ». Ce fut pourquoi il entreprit durant son pontificat de coûteux travaux d'extension des jardins. Celui qui jouxte le palais des Papes sur sa façade orientale est toujours dénommé « Verger d'Urbain V ».
  • Grégoire XI : Pierre Roger de Beaufort est élu en 1371. Il poursuit les réformes de l'Église et, devant la recrudescence des hérésies, il relance l'Inquisition et fait poursuivre les pauvres de Lyon (Vaudois), les béguins et les flagellants en Allemagne. En 1376 il se rend à Rome pour y restaurer la papauté, mais les conflits secouent toujours la ville. Il y meurt en 1378 dans un climat de fortes incertitudes, ce qui déclenche le grand schisme d'Occident, avec l'élection d'un pape à Rome (Urbain VI) et d'un autre pape à Avignon (Clément VII). Ce schisme va culminer avec le concile de Pise d'où sortiront trois papes...

13 mai 2019

Les primitifs flamands

Les primitifs flamands sont les peintres actifs aux XVe et XVIe siècles, dans les villes de Bruges, Gand, Tournai, Bruxelles et Anvers. Cette période d'intense activité artistique débute approximativement avec les carrières de Jan Van Eyck (~1425) et se poursuit au moins jusqu'à la mort de Gérard David en 1523. Cette période correspond à celle de la Renaissance italienne mais aussi et surtout à l'aboutissement de l'héritage artistique médiéval du nord de l'Europe.

Les peintres les plus célèbres étaient Jan Van Eyck, Rogier Van der Weyden, Hans Memling, Petrus Christus et Gérard David. Les quatre derniers ont été actifs, pour tout ou partie de leur carrière, à Bruges.

Durant le XVe siècle l'ensemble des Pays Bas étaient alors unifiés dans le duché de Bourgogne. Le duc de Bourgogne et sa cour s'installent à Bruges puis à Bruxelles en 1436. L'influence des ducs, devenus de puissants souverains européens, participa au dynamisme artistique de la région.

Les primitifs flamands introduisent deux innovations majeures en peinture qui sont caractérisées comme un véritable tournant dans l’histoire de l’art européen : la peinture à l'huile et le réalisme des représentations. La peinture à l’huile permet d’obtenir une pureté et une luminosité des couleurs bien plus grandes que la détrempe, de rendre une ample gamme de tons et de reproduire l’effet de la transparence et des nuances en étalant de multiples couches très minces d'un mélange pigmenté appelé glacis. La plupart des supports de ces peintures sont des panneaux de bois.

Gerard David - le Jugement de Cambyse.png Jan Van Eyck - Les époux Arnolfini.jpg Hans Memling - Le jugement dernier.jpg



Petrus Christus - Portrait d'une jeune fille.jpg Hans Memling - Portrait d'un homme dans une loggia.jpg Rogier van der Weyden - la descente de la croix.jpg

25 avril 2019

Charles le Téméraire

Charles_le_temeraire.jpgCharles le Téméraire est né le 11 novembre 1433 à Dijon et mort le 5 janvier 1477 près de Nancy. Il est, après Philippe II le Hardi, Jean sans Peur et Philippe III le Bon, le quatrième et dernier duc de Bourgogne. Il est le cousin du roi Louis XI, par leur trisaïeul commun Jean II de France), seigneur et maître d'un ensemble de provinces connu aujourd'hui sous le nom d'État bourguignon.

En septembre 1456, le dauphin de France et futur Louis XI, fâché avec son père le roi Charles VII, cherche refuge en terre bourguignonne. Son cousin Philippe le Bon, à qui il demande asile à Bruxelles, lui alloue une pension annuelle de 48 000 livres. Il se voit aussi attribuer une résidence au château de Genappe au sud de Bruxelles en Brabant wallon. Le dauphin Louis y demeure jusqu'à la mort de son père et profite de ces cinq années d'exil pour s'informer sur les intrigues de la cour bourguignonne et séduire ceux qui pourront lui être utiles.

Alors que Philippe le Bon vieillissant règne sur les riches mais disparates terres composant l'État bourguignon, son fils Charles prend la tête de la ligue du Bien public qui s'est formée contre Louis XI, car celui-ci voulait limiter l'indépendance de ses plus puissants vassaux (Bourgogne, Bretagne, Bourbon). Les armées de Bourgogne s'allient à celles de Bretagne et Louis XI se replie sur Paris.

A la mort de son père en juin 1467, Charles hérite du duché de Bourgogne, ainsi que de tous ses titres et possessions. Il appuie son pouvoir et ses prétentions par une puissante armée de métier, renforcée par des mercenaires issus de tous les pays d'Europe. Il continue la même politique que ses prédécesseurs avec pour objectif l'indépendance souveraine de l'État bourguignon vis-à-vis du royaume de France. Pour ce faire, il fait alliance avec le royaume d'Angleterre dans la guerre de Cent Ans. Son souhait le plus ardent est de joindre en un royaume d'un seul tenant ses terres des deux Bourgognes et ses possessions du nord : Picardie, Artois, Boulonnais, Flandre et autres Pays-Bas bourguignons et de recréer un royaume médian entre France et Empire germanique.

Après la conquête de Nancy en 1475, Charles le Téméraire part en guerre contre les confédérés de Suisse. Sous-estimant la valeur guerrière des Suisses et l'effet néfaste des retards de paiement sur l'humeur des mercenaires italiens qui composent une bonne partie de ses forces, il est battu par les confédérés en juin et son armée est taillée en pièces. Alors installé à Lyon, Louis XI y savoure la déroute bourguignonne, laquelle ne lui a coûté aucun homme de ses propres troupes mais beaucoup d'argent : selon le chroniqueur Philippe de Commynes, Louis a, en tout, versé près d'un million de florins du Rhin aux Cantons suisses, somme colossale. Entre temps, Nancy reprise, Charles le Téméraire remet le siège de la ville et trouve la mort le 5 janvier 1477 lors de la bataille se déroulant au sud de la ville.

Entre-temps, Marguerite d'York, veuve de Charles le Téméraire et protectrice de la duchesse Marie de Bourgogne pousse celle-ci (fille unique et héritière du Téméraire) à épouser le futur empereur germanique Maximilien Ier de Habsbourg (1459-1519). Célébré à Gand le 19 août 1477, le mariage fait définitivement perdre à la France les Pays-Bas bourguignons et, en fait, toute la partie septentrionale des États bourguignons (belge, luxembourgeoise, allemande ou « romain-germanique ») sur laquelle la couronne de France n'a aucun droit.

22 décembre 2018

Louis XI

Louis-XI.jpgLouis XI, dit le Prudent, est roi de France de 1461 à 1483. Il est le fils de Charles VII (dont le long règne est indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc) et petit-fils de Charles VI, dit le Bien aimé.

Son règne voit le rattachement de plusieurs grandes principautés mouvantes au domaine royal par des moyens parfois violents : territoires du duché de Bretagne (1475, traité de Senlis), des ducs de Bourgogne (1477, confirmé en 1482 par le traité d'Arras avec Maximilien Ier de Habsbourg), Maine, Anjou, Provence et Forcalquier en 1481, par la mort sans héritier de Charles V d'Anjou, et une partie des domaines de la maison d'Armagnac qui, brisée par l'affrontement avec le pouvoir royal, s'éteint peu après.

Son règne est le théâtre de nombreux affrontements, aussi bien politiques, militaires que judiciaires avec le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Après le décès de celui-ci en 1477, et dans le cadre complexe de sa succession, Louis XI tente de reprendre les villes d'Artois qui devaient allégeance au royaume de France. Parmi elles, Arras, fut l'une des plus difficile à reprendre.

19 avril 2013

Les béguines

béguinageDe nos jours, on peut encore admirer des béguinages complets en Belgique ou aux Pays-Bas. Ils datent généralement du XVIIème siècle.

Mais le mouvement béguinal est bien plus ancien et remonte au XIème siècle, aux confins des mouvements bogomiles et cathares, eux mêmes issus des franges dures des franciscains. Les suiveurs de Saint François d'Assise, en effet, opposaient une vision pauvre et humble face à l'opulence de l'Eglise et de la papauté. Alors que les Bogomiles concernaient les Balkans et le nord de l'Italie, et que les Cathares le sud de la France, les béghards ("mendiants") ont gagné la vallée du Rhin puis les Flandres. A divers degrés, tous ces mouvements furent condamnés, taxés d'hérésie par plusieurs bulles papales et sévèrement réprimés.

Mais au XIIème siècle, le mouvement béguinal s'organise, se féminise. Il s'étend vers le nord. Des communautés émergent, soudées autour de personnalités fortes. Ces femmes s'organisent, rejetant l'autorité des hommes, aussi bien dans la loi civile que religieuse ; elle ne sont pas assujetties à des ordres monacaux, comme les célestines ou les bénédictines. Si le mouvement s'éloigne des institutions, il en reste très spirituel, voire mystique ; quelques écrits remarquables en témoignent (principalement Hadewijch d’Anvers, Hildegarde de Bingen et Mechthilde de Magdebourg).

L’âge d’or du mouvement béguinal se situe entre les XIIIème et XIVème siècles : chaque ville dispose alors d'un ou plusieurs béguinages, dans les Flandres, depuis nord de l'actuelle France jusqu'aux Pays-Bas, mais aussi à Paris et dans la vallée du Rhin. Ces femmes vivent pauvrement mais travaillent et bénéficient parfois d'avantages économiques pour vendre leurs produits artisanaux sans taxe, ce qui suscite la colère des corporations. Ce sont souvent des veuves ou des femmes refusant l'homme qu'on veut leur faire épouser. Recluses dans les enclos où les hommes sont interdits de visite, elles n'en mènent pas moins une vie sociale en prêchant ou en proposant leurs services, comme le soin des blessés ou le service funéraire. Mais en raison des persécutions, aussi bien civiles que religieuses, mais aussi de la peste noire de 1348, le mouvement décline fortement au début du XVème siècle.

Le déclin est encore accru avec la diffusion du protestantisme puis, à la faveur de la contre-réforme, le mouvement béguinal renaît aux XVIIème-XVIIIème siècles, avant de décliner à nouveau. Ce deuxième âge béguinal fut différent du premier, beaucoup plus structuré et dans des couches sociales nettement plus aisées. Pour ces raisons, les « nouveaux » béguinages ne produiront plus de grandes mystiques comme au Moyen-Âge.

5 avril 2013

Jean sans Peur

Jean sans PeurJean sans Peur fut le second duc de Bourgogne. Il est né le 28 mai 1371 à Dijon et est mort (assassiné) le 10 septembre 1419 à Montereau-Fault-Yonne.

Petit fils de Jean II, il est le cousin du roi Charles VI, il était un prince français de la maison capétienne de Valois. C'est lors d'une croisade menée à l'appel du roi Sigismond de Hongrie, contre les Ottomans, que Jean gagna le surnom de "sans peur". Il commandait le contingent français, mais la bataille se termina en septembre 1396 par le désastre de Nicopolis, où les croisés furent vaincus par le sultan Bayezid Ier.

Il a poursuivi la consolidation de l'État bourguignon, politique entreprise par son père, Philippe II (dit le Hardi). Par un habile mariage avec Marguerite De Flandre, il va devenir maître d'un ensemble territorial considérable, avec des villes comme Lille, Bruxelles et Bruges, et donc s'enrichir énormément. Mais cette orientation vers le nord, va l'éloigner de Paris, et ses relations avec le pouvoir royal vont se dégrader au gré de l'assurance qu'il va acquérir dans son domaine.

Mais parce qu’il avait besoin des finances royales pour développer sa principauté et que ses intérêts se heurtaient à ceux du frère du roi, Louis d’Orléans, Jean sans Peur va faire assassiner ce rival en 1407. En commanditant le meurtre de son cousin, le duc de Bourgogne entraînera la France dans la guerre civile entre les factions bourguignonne et armagnac (laquelle cherche à venger Orléans), qui se disputaient alors la capitale et la régence. Ces troubles contribuèrent à relancer la Guerre de Cent ans.

En 1409, profitant d'une brève accalmie dans les tensions qui animaient la capitale, il va faire construire un somptueux hôtel particulier dans Paris. A ce jour, la tour, achevée en 1411, existe toujours et peut se visiter, rue Etienne Marcel.

Jean sans Peur sera assassiné à son tour en 1419 alors qu’il tentait une énième réconciliation avec les Armagnacs pour tenter de parer au péril anglais.

C'était un homme vif, à la fois mécène et bon vivant, dont on connaît plusieurs maîtresses, un grand nombre d'enfants illégitimes, et le goût prononcé pour les intrigues et manœuvres politiques. De toutes évidences, ce devait être une personnalité exceptionnelle.

9 novembre 2008

Le duc de Berry

Jean Ier, dit le Magnifique, duc de Berry, fut fils, frère et oncle de roi, mais jamais roi lui-même.

Jean Ier de BerryFils de Jean II, il est né à Vincennes en 1340 et est décédé en 1416. Il reçoit de son père le duché de Berry et d’Auvergne en 1360. Neuf ans plus tard, son frère Charles V lui octroie le comté de Poitou, à charge pour lui de le reprendre aux Anglais. Cette difficile reconquête se fait grâce au connétable Du Guesclin, en 1372.

Les années suivantes, Jean de Berry s’attache à développer les arts dans ses différentes demeures. Il sera un mécène fastueux et un protecteur des artistes durant la fin du XIVème siècle. Ainsi, il commanda un livre d'heures aux trois frères Paul, Jean et Herman de Limbourg. Ces Très riches Heures du duc de Berry ne furent terminées que bien après sa mort par l'atelier des enlumineurs. Elles constituent un chef-d'oeuvre artistique du Moyen Âge finissant avec leurs miniatures illustrant notamment les douze mois de l'année. Elles sont aujourd'hui conservées au musée Condé, dans le magnifique château de Chantilly, au nord de Paris.

Régent pendant les périodes de maladie de son neveu, Charles VI, on le soupçonne de détournements de fonds pour ses projets artistiques. Ainsi, il se fit construire plusieurs palais : à Mehun-sur-Yèvre, à Bourges, ainsi qu'un château au bord de l'eau à Poitiers (où il fit de plus réaménager le donjon comtal en tour de résidence). Sur le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris, il fit édifier la Sainte-Chapelle de Bourges pour bien montrer sa filiation avec le roi saint-Louis.

La miniature ci-contre, extraite des Très Riches Heures (le mois de janvier), montre le duc de Berry en houppelande bleue et toque de fourrure recevant les voeux de ses amis au cours d'un fastueux banquet.

30 juillet 2008

Charles VI

Charles VI, roi de France Charles VI, dit le bien aimé, roi de France.

Fils de Charles V, Charles VI accède au trône à l'âge de 11 ans en 1380, et se fait sacrer roi à la cathédrale de Reims. Mais en raison de son jeune âge, et comme pour les premières années du règne de son père, ce sont ses oncles qui gouvernent réellement le royaume : les ducs d'Anjou, de Bourgogne, de Berry et de Bourbon se disputent le pouvoir et s'enrichissent sur le dos de la population accablée par le rétablissement d'anciens impôts en janvier 1382. Cette situation débouche sur la révolte des Maillotins, qui sera matée dans le sang. En 1388, Charles VI reprend la main, et renvoie ses oncles, comprenant qu'ils ne cherchent que leur intérêt personnel.

Charles VI devient vite populaire auprès des Français (d'où son surnom de bien aimé). Sous son règne, en effet, la paix et la prospérité revient, après des décennies de maladies, de guerre et de famine.

Malheureusement, le roi va tomber malade. Il est atteint de graves troubles psychiatriques. Sa première crise se manifeste en 1392, lorsque, chevauchant avec sa suite dans la forêt du Mans, le roi se met à hurler et attaque ses propres hommes. Il se fait maîtriser, mais parvient à tuer quatre personnes. Après quelques heures, il reviendra à lui et demandera pardon.

En 1393, survient l'épisode du bal des Ardents. Pour égayer le roi, son épouse Isabeau de Bavière organise un bal costumé à l'Hôtel Saint-Pol. Le roi, et quelques uns de ses amis se déguisent en "sauvages", mais leurs costumes prennent feu, et plusieurs personnes meurent dans ce tragique événement qui ébranle encore plus le souverain.

Par la suite, le roi souffrira de nombreuses crises de durées plus ou moins longues, pendant lesquelles il est alité, incapable de gouverner, mais entre lesquelles il se montre travailleur, diplomate et intelligent. Profitant des indispositions du roi, les oncles reprennent épisodiquement le pouvoir. Pendant les longues années de son règne, on tente tout pour le guérir. Des dizaines de médecins venus de toute l'Europe se penchent sur son cas, une ferveur religieuse populaire intense se dessine spontanément. Naturellement, on pense que le roi a été empoisonné, ou ensorcelé. Des charlatans de toute espèce tentent d'approcher la couche du roi, mais beaucoup se font évincer ou punir pour leur manque d'efficacité.

L'histoire lui a souvent légué le surnom de "Charles VI le fol", mais ce qualificatif ne lui a jamais été donné de son vivant, eu égard au respect envers le roi, ainsi que sa très grande popularité qui n'a jamais faibli, malgré ses absences.

Charles VI s'éteint le 21 octobre 1422 après un long et difficile règne, marquée par la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons et lègue un royaume en plein rétablissement à son fils, le futur Charles VII. Ce dernier mettra fin à la guerre de Cent Ans, avec l'aide imprévue de Jeanne D'Arc...

28 juillet 2008

Taillevent

Tomb de Guillaume Tirel & de ses deux femmesGuillaume Tirel, dit Taillevent, fut un des premiers grands chefs cuisiniers français. Né à Pont-Audemer vers 1310, il mourut en 1395.

Tout jeune il est au service de Jeanne d'Evreux comme "enfant de cuisine", puis il entre au service du roi Philippe de Valois. Il devient queux pour le duc de Normandie (futur Charles V), ainsi que, sans doute, pour le duc de Berry, qui assurent la régence du Royaume pendant la captivité de Jean II. Il deviendra ensuite premier queux et se fera anoblir par Charles VI.

Il est crédité pour avoir rédigé le premier livre de recette : le viandier, à la demande de Charles V. Il s'agit partiellement d'un travail de compilation de recettes antérieures, et de créations. Quatre manuscrits du Viandier sont connus: le plus ancien est conservé à la bibliothèque Nationale, les trois autres étant à la bibliothèque Mazarine, aux archives de la Manche à Saint Lô et au Vatican.

Le titre complet de l'ouvrage est : Cy après sensuyt le viandier pour appareiller toutes manières de viandes que Taillevent queux du roy nostre sire fist tant pour abiller et appareiller bouilly, rousty, poissons de mer et d'eaue doulce, saulces, espices, et autres choses à ce convenables et nécessaires comme cy après sera dit.

Le mot "viande" est ici utilisé au sens latin de "vivenda" les aliments en général. Les modes de cuisson décrits sont essentiellement le roti et le bouilli, les apprets farcis ou à base de hachis sont nombreux (patés, tourtes, flans). Enfin il faut noter l'importance attribuée aux plats de carême, à la cuisine des jours "maigres" ou "gras" selon les prescriptions de l'Eglise.

On trouve parmi les recettes du Viandier, des recettes étonamment simples. Certaines formules étant pratiquement réalisables aujourd'hui sans presque rien y changer.

Aujourd'hui, Taillevent est le nom d'un célèbre restaurant gastronomique de Paris.